ALOUETTE 2 - SE3130 - EXPERIMENTATION ARMEMENT
Extrait d’un document écrit par Mch Emmanuel BOSC (Musée de l’ALAT)
Les hélicoptères armés
Un petit retour en arrière s’impose. Nous sommes en 1955, en Algérie. Les "Evènements" ont commencé depuis 1954, depuis la Toussaint plus exactement.
Les hélicoptères commencent à peine à faire leur apparition sur ce théâtre d’opération après celui d’Indochine. On ne parle même pas d’armer nos appareils, l’Armée de Terre se bat déjà pour faire admettre à l’Armée de l’Air, qui en doute, qu’elle a la capacité de piloter les cargos lourds qui vont commencer à arriver l’année suivante. Pour l’instant, même si certains ont déjà posé les jalons d’un possible armement de nos appareils, et ce dès l’Indochine, (cf "Les hélicoptères en Indochine. Enseignements-Perspectives" par le chef chef d'escadron Crespin, commandant le GFHATI, le Groupement des Formations d’Hélicoptères de l'Armée de Terre en Indochine), ils sont regardés dans les Etats-majors avec condescendance, amusement et parfois avec "l’index sur la tempe" (sic).
C’est dans cet état d’esprit que se déroule un événement d’apparence anodin mais qui va donner un grand coup de pied dans la fourmilière ! Nous sommes en novembre 1955 au cœur des Aurès, en Algérie. Une opération jusqu’ici classique, une guitoune PC et, à côté, un Bell 47 du GH N°2 grée en EVASAN avec ses deux brancards latéraux. Dans l’après-midi, une petite unité d’Infanterie se fait méchamment accrocher. L’affaire se présente mal : les rebelles tiennent la crête, l’aviation ne peut intervenir pour cause de météo déplorable. Seule ressource, une intervention par la terre soit au bas mot quatre heures de mise en place mais dans quatre heures, il fera nuit…C’est alors que, dans tous les esprits, surgit en même temps l’Idée : le Bell !!
Le pilote calcula rapidement qu’à cette altitude il pourrait porter deux hommes avec leur armement. Deux volontaires furent choisis parmi les Légionnaires et aussitôt dit, aussitôt fait, ils furent sanglés sur les brancards du Bell, leurs FM pointés vers l’avant. Vingt minutes plus tard, étonnés d’essuyer des coups directs venus du ciel, les rebelles décrochaient de leur position. L’hélicoptère armé venait de faire la preuve de son utilité mais beaucoup de chemin restait à parcourir…
Dès 1956, les Vertol H-21, les fameuses "Bananes", commencent à être livrées au GH N°2, l’unité qui a pris, en Algérie, la suite du GFHATI et qui est commandée par … le lieutenant-colonel Crespin.
Celui-ci sait que l’hélicoptère armé est la solution aux risques que ses pilotes prennent chaque jour lors des posés d’assaut, lorsque l’aviation et l’artillerie ont fini de traiter le terrain et que les sticks de Bananes se présentent seuls sur la DZ. Mais pour cela, il faut faire fi des nombreuses oppositions rencontrées : l’Etat-major est contre, l’Armée de l’Air est contre, tout le monde est contre, il est même interdit d’essayer de prouver sur le terrain les bienfaits d’une telle arme.
Qu’importe, Crespin a le dos large et le bras long. Il arrive à se faire prêter par la firme Vertol avec laquelle il entretient les meilleures relations un bâti qui a été expérimenté pour l’US Army et qui porte un armement à base de roquettes et de mitrailleuses. On aboutira en 1958 à un armement conséquent puisque les sept Bananes modifiées emportaient chacune quatre mitrailleuses de 7,5 mm tirant dans l’axe avec 125 cartouches chacune et 2 paniers de roquettes (36x37mm, 19x68mm ou 18x37mm par panier). (voir le H21)
Mais en 1960, les H-21 furent déséquipés car quand on utilisait une Banane comme machine de combat, cela faisait un cargo en moins à une époque où les besoins en transports lourds étaient immenses. De plus, le H-21 n’était pas spécialement l’appareil le plus manœuvrant, le plus puissant, en un mot le plus adapté pour l’appui-feu.
La solution vint en transférant cet armement sur l’Alouette II, appareil plus léger, plus rapide, plus maniable et surtout qui devenait disponible grâce à de nombreuses livraisons. Celle-ci emportait soit les deux pods à 2 mitrailleuses de 7,5, soit deux paniers de roquettes de 37 ou de 68 mm ou une combinaison de ces deux armes. Le binôme H-21/Alouette II allait parfaitement fonctionner au sein des DIH, les Détachements d’Intervention Héliportés (qui auraient dû s’appeler Détachement d’Hélicoptères de Combat mais l’appellation fut refusée, il ne fallait pas choquer certaines susceptibilités…). Chaque DIH opérait quasiment comme unité indépendante et comprenait quatre ou cinq Bananes accompagnées de une ou deux Alouette II armées.
Cela fonctionna bien jusqu’à fin 1959, date à laquelle le Major Général des Armées interdit à l’A.L.A.T d’employer des appareils armés sous le prétexte que les H34 Pirate de l’Armée de l’Air étaient disponibles pour l’appui feu.
La solution vint en transférant cet armement sur l’Alouette II, appareil plus léger, plus rapide, plus maniable et surtout qui devenait disponible grâce à de nombreuses livraisons. Celle-ci emportait soit les deux pods à 2 mitrailleuses de 7,5, soit deux paniers de roquettes de 37 ou de 68 mm ou une combinaison de ces deux armes. Le binôme H-21/Alouette II allait parfaitement fonctionner au sein des DIH, les Détachements d’Intervention Héliportés (qui auraient dû s’appeler Détachement d’Hélicoptères de Combat mais l’appellation fut refusée, il ne fallait pas choquer certaines susceptibilités…). Chaque DIH opérait quasiment comme unité indépendante et comprenait quatre ou cinq Bananes accompagnées de une ou deux Alouette II armées.
Cela fonctionna bien jusqu’à fin 1959, date à laquelle le Major Général des Armées interdit à l’A.L.A.T d’employer des appareils armés sous le prétexte que les H34 Pirate de l’Armée de l’Air étaient disponibles pour l’appui feu.
Les hélicoptères armés
Un petit retour en arrière s’impose. Nous sommes en 1955, en Algérie. Les "Evènements" ont commencé depuis 1954, depuis la Toussaint plus exactement.
Les hélicoptères commencent à peine à faire leur apparition sur ce théâtre d’opération après celui d’Indochine. On ne parle même pas d’armer nos appareils, l’Armée de Terre se bat déjà pour faire admettre à l’Armée de l’Air, qui en doute, qu’elle a la capacité de piloter les cargos lourds qui vont commencer à arriver l’année suivante. Pour l’instant, même si certains ont déjà posé les jalons d’un possible armement de nos appareils, et ce dès l’Indochine, (cf "Les hélicoptères en Indochine. Enseignements-Perspectives" par le chef chef d'escadron Crespin, commandant le GFHATI, le Groupement des Formations d’Hélicoptères de l'Armée de Terre en Indochine), ils sont regardés dans les Etats-majors avec condescendance, amusement et parfois avec "l’index sur la tempe" (sic).
C’est dans cet état d’esprit que se déroule un événement d’apparence anodin mais qui va donner un grand coup de pied dans la fourmilière ! Nous sommes en novembre 1955 au cœur des Aurès, en Algérie. Une opération jusqu’ici classique, une guitoune PC et, à côté, un Bell 47 du GH N°2 grée en EVASAN avec ses deux brancards latéraux. Dans l’après-midi, une petite unité d’Infanterie se fait méchamment accrocher. L’affaire se présente mal : les rebelles tiennent la crête, l’aviation ne peut intervenir pour cause de météo déplorable. Seule ressource, une intervention par la terre soit au bas mot quatre heures de mise en place mais dans quatre heures, il fera nuit…C’est alors que, dans tous les esprits, surgit en même temps l’Idée : le Bell !!
Le pilote calcula rapidement qu’à cette altitude il pourrait porter deux hommes avec leur armement. Deux volontaires furent choisis parmi les Légionnaires et aussitôt dit, aussitôt fait, ils furent sanglés sur les brancards du Bell, leurs FM pointés vers l’avant. Vingt minutes plus tard, étonnés d’essuyer des coups directs venus du ciel, les rebelles décrochaient de leur position. L’hélicoptère armé venait de faire la preuve de son utilité mais beaucoup de chemin restait à parcourir…
Dès 1956, les Vertol H-21, les fameuses "Bananes", commencent à être livrées au GH N°2, l’unité qui a pris, en Algérie, la suite du GFHATI et qui est commandée par … le lieutenant-colonel Crespin.
Celui-ci sait que l’hélicoptère armé est la solution aux risques que ses pilotes prennent chaque jour lors des posés d’assaut, lorsque l’aviation et l’artillerie ont fini de traiter le terrain et que les sticks de Bananes se présentent seuls sur la DZ. Mais pour cela, il faut faire fi des nombreuses oppositions rencontrées : l’Etat-major est contre, l’Armée de l’Air est contre, tout le monde est contre, il est même interdit d’essayer de prouver sur le terrain les bienfaits d’une telle arme.
Qu’importe, Crespin a le dos large et le bras long. Il arrive à se faire prêter par la firme Vertol avec laquelle il entretient les meilleures relations un bâti qui a été expérimenté pour l’US Army et qui porte un armement à base de roquettes et de mitrailleuses. On aboutira en 1958 à un armement conséquent puisque les sept Bananes modifiées emportaient chacune quatre mitrailleuses de 7,5 mm tirant dans l’axe avec 125 cartouches chacune et 2 paniers de roquettes (36x37mm, 19x68mm ou 18x37mm par panier). (voir le H21)
Mais en 1960, les H-21 furent déséquipés car quand on utilisait une Banane comme machine de combat, cela faisait un cargo en moins à une époque où les besoins en transports lourds étaient immenses. De plus, le H-21 n’était pas spécialement l’appareil le plus manœuvrant, le plus puissant, en un mot le plus adapté pour l’appui-feu.
La solution vint en transférant cet armement sur l’Alouette II, appareil plus léger, plus rapide, plus maniable et surtout qui devenait disponible grâce à de nombreuses livraisons. Celle-ci emportait soit les deux pods à 2 mitrailleuses de 7,5, soit deux paniers de roquettes de 37 ou de 68 mm ou une combinaison de ces deux armes. Le binôme H-21/Alouette II allait parfaitement fonctionner au sein des DIH, les Détachements d’Intervention Héliportés (qui auraient dû s’appeler Détachement d’Hélicoptères de Combat mais l’appellation fut refusée, il ne fallait pas choquer certaines susceptibilités…). Chaque DIH opérait quasiment comme unité indépendante et comprenait quatre ou cinq Bananes accompagnées de une ou deux Alouette II armées.
Cela fonctionna bien jusqu’à fin 1959, date à laquelle le Major Général des Armées interdit à l’A.L.A.T d’employer des appareils armés sous le prétexte que les H34 Pirate de l’Armée de l’Air étaient disponibles pour l’appui feu.
La solution vint en transférant cet armement sur l’Alouette II, appareil plus léger, plus rapide, plus maniable et surtout qui devenait disponible grâce à de nombreuses livraisons. Celle-ci emportait soit les deux pods à 2 mitrailleuses de 7,5, soit deux paniers de roquettes de 37 ou de 68 mm ou une combinaison de ces deux armes. Le binôme H-21/Alouette II allait parfaitement fonctionner au sein des DIH, les Détachements d’Intervention Héliportés (qui auraient dû s’appeler Détachement d’Hélicoptères de Combat mais l’appellation fut refusée, il ne fallait pas choquer certaines susceptibilités…). Chaque DIH opérait quasiment comme unité indépendante et comprenait quatre ou cinq Bananes accompagnées de une ou deux Alouette II armées.
Cela fonctionna bien jusqu’à fin 1959, date à laquelle le Major Général des Armées interdit à l’A.L.A.T d’employer des appareils armés sous le prétexte que les H34 Pirate de l’Armée de l’Air étaient disponibles pour l’appui feu.
En procédant par élimination et à grands renforts d’essais et d’expérience, nos grands anciens arrivèrent à la conclusion que la roquette, pour efficace qu’elle était, restait trop imprécise.
La mitrailleuse, elle, présentait l’inconvénient d’un pouvoir destructeur limité dès que l’adversaire était un tant soit peu protégé. De plus, il était apparu, au vue des combats que les Alouette II avaient livré, que le montage en tir axial fixe était décevant pour plusieurs raisons. D’abord sa portée était limitée, de l’ordre de 300 à 400 mètres. Ensuite il imposait à l’appareil des évolutions de pointage qui souvent l’amenait à portée de tir des armes de l’adversaire. Enfin, les armes fixes avaient, sous l’action conjuguée des efforts de tir et de vol, une fâcheuse tendance à se dérégler, ce qui rendait le travail de visée du malheureux pilote encore plus ardu.
De même, pendant quasiment toute leur carrière, les Alouette II et III conservèrent la possibilité d’être équipé d’un affût portant une A.A52 de 7,5 mm tirant en sabord. Il n’en demeure pas moins que cette capacité ne fût pas surexploitée, loin s’en faut !!
Reste quand même que le montage en sabord présentait de nombreux avantages : il permettait au pilote d’orbiter tout en conservant son objectif en constant visuel, il offrait au tireur une cible permanente et enfin, l’appareil étant en mouvement constant, il restait difficile à atteindre.
Nous en étions donc là au début des années 60 : L’ALAT avait donc un système d’arme cohérent pour le combat contre les forces blindées du Pacte de Varsovie à base d’Alouette II et III. Pour l’appui feu, on testait beaucoup de choses mais à part le canon de 20 mm en sabord, on avait pas grand’chose à se mettre sous la dent.
C’est alors que certains penseurs imaginèrent une folle union entre ces deux domaines d’action bien distincts, sorte de couteau suisse du combat aéromobile : c’était l’hélicoptère-tourelle. (photos ci-dessous, cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Le concept était celui d’un appareil équipé à la fois d’un canon de 20 mm tirant aussi bien dans l’axe, en tourelle qu’en sabord et d’une installation antichar allégée avec viseur de tir et d’observation et missiles SS-11. L’appareil, construit à base d’Alouette III et appelé SE 3164 fit son premier vol le 24 juin 1964. Mais il faut croire que le produit fini était beaucoup trop ambitieux pour l’époque car il n’y eut pas de série produite et l’ALAT en resta là.
Lire la suite sur AL3 Armée
La mitrailleuse, elle, présentait l’inconvénient d’un pouvoir destructeur limité dès que l’adversaire était un tant soit peu protégé. De plus, il était apparu, au vue des combats que les Alouette II avaient livré, que le montage en tir axial fixe était décevant pour plusieurs raisons. D’abord sa portée était limitée, de l’ordre de 300 à 400 mètres. Ensuite il imposait à l’appareil des évolutions de pointage qui souvent l’amenait à portée de tir des armes de l’adversaire. Enfin, les armes fixes avaient, sous l’action conjuguée des efforts de tir et de vol, une fâcheuse tendance à se dérégler, ce qui rendait le travail de visée du malheureux pilote encore plus ardu.
De même, pendant quasiment toute leur carrière, les Alouette II et III conservèrent la possibilité d’être équipé d’un affût portant une A.A52 de 7,5 mm tirant en sabord. Il n’en demeure pas moins que cette capacité ne fût pas surexploitée, loin s’en faut !!
Reste quand même que le montage en sabord présentait de nombreux avantages : il permettait au pilote d’orbiter tout en conservant son objectif en constant visuel, il offrait au tireur une cible permanente et enfin, l’appareil étant en mouvement constant, il restait difficile à atteindre.
Nous en étions donc là au début des années 60 : L’ALAT avait donc un système d’arme cohérent pour le combat contre les forces blindées du Pacte de Varsovie à base d’Alouette II et III. Pour l’appui feu, on testait beaucoup de choses mais à part le canon de 20 mm en sabord, on avait pas grand’chose à se mettre sous la dent.
C’est alors que certains penseurs imaginèrent une folle union entre ces deux domaines d’action bien distincts, sorte de couteau suisse du combat aéromobile : c’était l’hélicoptère-tourelle. (photos ci-dessous, cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Le concept était celui d’un appareil équipé à la fois d’un canon de 20 mm tirant aussi bien dans l’axe, en tourelle qu’en sabord et d’une installation antichar allégée avec viseur de tir et d’observation et missiles SS-11. L’appareil, construit à base d’Alouette III et appelé SE 3164 fit son premier vol le 24 juin 1964. Mais il faut croire que le produit fini était beaucoup trop ambitieux pour l’époque car il n’y eut pas de série produite et l’ALAT en resta là.
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