SECTION D'AVIATION D'OBSERVATION DU 12e RÉGIMENT D'ARTILLERIE DE LA 23e DIVISION D'INFANTERIE
(SAO 12e RA/23e DI)
En juin 1944, le sous-lieutenant Guy MURATELLE, résistant et officier pilote de l'armée de l'Air, crée au sein du maquis des Forces françaises de l'Intérieur (FFI) de Dordogne Sud un "groupe d'aviation de résistance" composé de militaires d'active de l'armée de l'Air et de jeunes résistants civils. Le 15 septembre 1944, ce maquis devient "Régiment Z" du nom de code de son chef, le lieutenant-colonel Georges MORESSÉE, officier d'artillerie (et pilote d'avion) belge. Le "groupe d'aviation" est rattaché à l'état-major du Régiment Z mais est toujours dépourvu d'aéronefs. Les combats à terre entre FFI et Allemands se poursuivent.
Fin septembre 1944, le lieutenant-colonel MORESSÉE confie au lieutenant MURATELLE une mission cruciale : effectuer une liaison avec l'état-major de l'Air à Paris et essayer d'obtenir un avion d'observation. Après un périple en Traction avant Citroën, et avec l'aide de son camarade le lieutenant René MOTAIS de NARBONNE, il obtient une entrevue avec le colonel MORLAIX, directeur de cabinet du ministre de l'Air. Celui-ci décide d'affecter au Régiment Z un FIESELER Fi 156 STORCH (Cigogne) récupéré sur l'ennemi. Le 4 octobre 1944, le lieutenant MURATELLE et l'adjudant LELARD, pilote, décollent d'Issy-les-Moulineaux avec le MORANE 500 (nouveau nom français du FIESELER Fi 156) n° 1. Ils se posent le soir même, après un ravitaillement en carburant à Limoges, à Sainte-Foy-la-Grande. "C'est le premier avion à cocardes tricolores que l'on voit dans la région depuis 4 ans". Une liaison avec Gémozac, siège de "Z", est aussitôt effectuée. Cet aéronef codé Z 1 est baptisé "Daniel AUCKENTALER", jeune FFI membre du groupe tué par éclats d'obus à 24 ans le 10 septembre 1944 à Mortagne-sur-Gironde (Charente-Maritime) face à la poche de Royan. Le 18 septembre 1944, le général de GAULLE et André DIETHELM, ministre des Armées, sont en Charente-Maritime. À Saintes, Ils prennent des mesures visant à organiser la réduction des poches encore tenues par les Allemands et à régulariser la situation des groupes de résistants. Sur proposition du colonel Henri ADELINE, commandant de tous les groupements FFI du Sud-Ouest, le chef du gouvernement provisoire de la République française demande au lieutenant-colonel MORESSÉE d’étudier la possibilité de transformer son régiment "Z" en régiment d’artillerie, dans un délai de trois mois. Le 1er février 1945, le régiment "Z" est officiellement dissous. Le 11 suivant, une décision ministérielle entérine la création de la 23e division d’Infanterie, composée de trois régiments d'infanterie (6e, 50e et 158e RI), d'un régiment de cavalerie (18e RCC) et d'un régiment d'artillerie (12e RA, ex "Z"). Le "groupe d'aviation" est maintenu et rattaché à l'état-major du 12e RA et devient section d'aviation d'observation (SAO). Pour constituer et compléter son effectif, le lieutenant MURATELLE fait notamment appel à deux sous-officiers mécaniciens, connus en 1941 au 2e groupe d'aviation de chasse au Luc-en-Provence. Un deuxième pilote, le sergent DESCOTTE, venant rejoindre l'équipe, un second appareil, un CAUDRON C-275 "Luciole", est déniché, en pièces détachées, dans un hangar de l'aérodrome de Bordeaux-Mérignac où il avait été caché par un particulier et aussitôt remonté. Au total la SAO du 12e RA compte 10 militaires provenant de l'armée de l'Air et 10 "terriens" issus des FFI. Avec le 12e RA, la SAO participe activement aux combats du secteur de Royan (opération "Vénérable" du 14 au 18 avril 1945) et du débarquement à l’île d'Oléron (opération "Jupiter" le 30 avril 1945). Elle y a effectué 56 heures de vol de guerre en 60 missions. Le 25 avril 1945, le commandant de la SAO du 12e RA est cité et reçoit la croix de guerre 1939-1945 : "Pilote d’un avion de reconnaissance, a déjà donné à maintes reprises la preuve de son sang-froid et de ses qualités professionnelles au cours de nombreux vols de reconnaissance exécutés au-dessus des lignes ennemies. Le 14 avril, au cours des opérations pour la conquête de Royan, s’est particulièrement distingué en tenant l’air cinq heures consécutives, permettant à son observateur, grâce à sa parfaite maîtrise et malgré l’intervention de la DCA ennemie à accomplir une mission de la plus haute importance." Cette citation donne droit au port de la croix de guerre avec étoile de bronze. En octobre 1945, la 23e DI étant désignée pour partir en occupation en Allemagne, le 12e RA quitte Poitiers où il était regroupé et gagne le Palatinat. Il y est dissous le 15 novembre 1945. Les personnels Terre de la section d’aviation sont affectés au 102e groupe d’observation d’artillerie. Les personnels d'origine Air et FFI-Air sont réintégrés ou intégrés dans l'armée de l'Air. Sources : site de l'amicale du 12e régiment d'artillerie et des artilleurs ; archives et souvenirs de la famille MURATELLE ; "De la Résistance à l'armée de l'Air : les FFI de l'Air", Marie-Catherine DUBREIL, Revue historique des Armées n° 195 (1994). |
Janvier 1945. Charente-Maritime : MS-500 baptisé "Daniel AUCKENTALER" du nom d'un jeune résistant du Régiment Z, mort pour la France le 10 septembre 1944. À droite, le pilote est filmé par Roger MONTERAN, cameraman du SCA (photo Germaine KANOVA-ECPAD. Collection privée).
Janvier 1945. Charente-Maritime : préparation d'une mission avec le MS-500 codé Z.I. À noter le Colt 45 posé sur une boîte au pied de l'avion. À droite, observateur en place arrière du MS-500 (photo Germaine KANOVA-ECPAD. Collection privée).
Guy MURATELLE en 1943 (photo famille MURATELLE).
Ci-après son récit des événements du 06 juin au 20 octobre 1944
Ci-après son récit des événements du 06 juin au 20 octobre 1944