RÉCIT DE MARC HENRARD DU GALAT 101
En mai 1959 je faisais partie du GH n° 2, affecté à l’EHO 1, sous les ordres du capitaine BERNIEAU. Nous étions à Philippeville pour plusieurs semaines, engagés dans l'opération Pierres Précieuses. Dans la matinée du dernier samedi, un NC 856, piloté par le chef MAILLARD se pose. Le chef va voir le capitaine avec pour mission de me rapatrier en toute urgence sur Sétif, suite à une convocation au "Kremlin" par le colonel CRESPIN. Sans attendre je passe en compte mon ALOUETTE à BOIVIN et part en direction d'Aïn-Arnat, laissant le capitaine inquiet, car il ne savait pas pour quel motif un tel dispositif était mis en place.
En fait, au cours d’un entretien avec le chef PAVAGEAU, affecté au secrétariat du groupement 101, à la suite de son grave accident, j'avais appris qu'il cherchait un remplaçant pour lui permettre de rentrer en métropole. Mais les volontaires n’étaient pas légion pour travailler auprès du "BIG". Néanmoins, je lui avais laissé entendre que ce remplacement ne me déplairait pas. Voila le pourquoi de ma convocation.
Aussitôt posés, une jeep m’attendait et m'embarque dans la foulée, en tenue de vol, direction le PC, chez le grand chef.
Tout d'abord, je suis passé chez le commandant COUTEAU, l'officier adjoint puis chez l’adjudant-chef FAUVEAU, chef du secrétariat, éminence grise du colonel. À l’issue de l’entretien, j’étais admis et dès le lundi affecté au secrétariat du groupement 101 en qualité de responsable du bureau courrier.
En plus des personnes déjà citées, il y avait à l’étage, le 4e bureau, commandé par le capitaine DELEST, avec le lieutenant TORTEL, l’adjudant DEKNYUT et l’adjudant CAUSSIN.
Je suis resté à Sétif jusqu'en septembre 1960, m’acquittant au mieux du travail qui m’était confié. Au départ du colonel CRESPIN, qui prenait le commandement de l’ESALAT à Dax, l’état-major s’est déplacé sur Constantine. Là, nous étions auprès du grand chef, le général GANDOET, sous les ordres du lieutenant-colonel Marcel BERTHELOT, qui avait pris le commandement du groupement 101. Le groupement avait alors la composition suivante :
Le travail ne manquait pas car, en plus du GH n° 2, nous avions tous les pelotons du Constantinois et du Sud algérien à gérer. Le courrier se faisait par liaisons aériennes et chaque semaine nous avions la visite des secrétaires des différentes unités pour régler les taches administratives.
Nous-mêmes allions dans les pelotons pour aider les commandants d’unités, surtout au niveau de la chancellerie au moment de l’avancement.
C’est ainsi qu’est née l’histoire du "python" qui a fait le tour des pelotons. Et je suis sur que les "YACONO" et consorts s’en souviennent encore ou cela ravivera leur mémoire.
En effet, en rentrant du Sud, un soir au mess les copains me demandent ce que j’avais rapporté de mon voyage. Sans réfléchir je dis : "un python" sans plus d’explication. Grosse stupéfaction générale, "ce n’est pas possible", "et pourquoi pas", etc. Pour se terminer en finale par un pari de la tournée générale de pastis avec promesse de le faire voir le lendemain midi.
Le lendemain je viens donc avec un panier sous le bras, avec une ficelle qui dépassait. Tout le monde veut voir, mais très prudents, à distance, téméraires mais pas courageux. L’un d’eux avait même un couteau à la main au cas ou... Je découvre le panier et je montre fièrement mon "piton" bien calé dans de la ouate, il servait à accrocher un tableau au mur. Grande désillusion de l’auditoire mais pari gagné car les vrais pythons se trouvent bien plus au Sud. L’expérience ne s’est pas arrêtée là, car chacun l’a reprise à son compte et nous l’avons propagée car elle nous a fait ouvrir un crédit de pastis au bar.
Toutefois nos aventures n’étaient pas toujours aussi plaisantes, aussi l’une d’elle a jeté un froid pendant quelques jours, car le colonel n’était pas du tout content : on lui avait cassé son jouet. En effet, alors qu’il était en déplacement pour un weekend à Alger, avec la permission du commandant en second, nous avons utilisé exceptionnellement sa 203, la 2 CV étant indisponible, pour nous rendre un soir chez des amis civils. Mais en rentrant au quartier le chauffeur eut un accident avec un quidam et la voiture a subi de gros dégâts, nécessitant sa réforme. Au retour, le lundi matin, les explications furent orageuses avec le colonel. Il se voyait mal dans une 2 CV… Bien sûr, tout l’état-major était au courant. Comme nous déjeunions tous les jours avec la secrétaire du général, pour nous rendre service, elle a pris toutes les démarches à son compte, et est intervenue auprès de la DIRMAT. Mais, il n’y avait plus de 203 disponible. Toutefois, bien que non destinée à un colonel, elle a fait débloquer une 403 et cela a apaisé le courroux de notre patron qui n’était pas peu fier !
Tout et bien qui fini bien, dans le mois qui suivait j’ai eu le droit de l’emprunter pour me rendre à l’aéroport, mon séjour se terminait et je rentrais sur Dax ou j’allais être affecté au secrétariat du colonel CRESPIN, que j’allais retrouver avec beaucoup de plaisir, ainsi que ma famille.
Marc HENRARD.
En fait, au cours d’un entretien avec le chef PAVAGEAU, affecté au secrétariat du groupement 101, à la suite de son grave accident, j'avais appris qu'il cherchait un remplaçant pour lui permettre de rentrer en métropole. Mais les volontaires n’étaient pas légion pour travailler auprès du "BIG". Néanmoins, je lui avais laissé entendre que ce remplacement ne me déplairait pas. Voila le pourquoi de ma convocation.
Aussitôt posés, une jeep m’attendait et m'embarque dans la foulée, en tenue de vol, direction le PC, chez le grand chef.
Tout d'abord, je suis passé chez le commandant COUTEAU, l'officier adjoint puis chez l’adjudant-chef FAUVEAU, chef du secrétariat, éminence grise du colonel. À l’issue de l’entretien, j’étais admis et dès le lundi affecté au secrétariat du groupement 101 en qualité de responsable du bureau courrier.
En plus des personnes déjà citées, il y avait à l’étage, le 4e bureau, commandé par le capitaine DELEST, avec le lieutenant TORTEL, l’adjudant DEKNYUT et l’adjudant CAUSSIN.
Je suis resté à Sétif jusqu'en septembre 1960, m’acquittant au mieux du travail qui m’était confié. Au départ du colonel CRESPIN, qui prenait le commandement de l’ESALAT à Dax, l’état-major s’est déplacé sur Constantine. Là, nous étions auprès du grand chef, le général GANDOET, sous les ordres du lieutenant-colonel Marcel BERTHELOT, qui avait pris le commandement du groupement 101. Le groupement avait alors la composition suivante :
- officier adjoint, le commandant Jean DOUCET qui prit ensuite le commandement de la DIRMAT et fut remplacé par le commandant René BOQUILLON,
- 1er et 3e bureau, l'adjudant-chef MEHR,
- 4e bureau, l'adjudant Alain CAUSSIN,
- chef du secrétariat et chancellerie, le maréchal des logis-chef Marc HENRARD,
- cinq hommes du rang et une personne civile pour remplir les fonctions de chauffeurs et secrétaires.
Le travail ne manquait pas car, en plus du GH n° 2, nous avions tous les pelotons du Constantinois et du Sud algérien à gérer. Le courrier se faisait par liaisons aériennes et chaque semaine nous avions la visite des secrétaires des différentes unités pour régler les taches administratives.
Nous-mêmes allions dans les pelotons pour aider les commandants d’unités, surtout au niveau de la chancellerie au moment de l’avancement.
C’est ainsi qu’est née l’histoire du "python" qui a fait le tour des pelotons. Et je suis sur que les "YACONO" et consorts s’en souviennent encore ou cela ravivera leur mémoire.
En effet, en rentrant du Sud, un soir au mess les copains me demandent ce que j’avais rapporté de mon voyage. Sans réfléchir je dis : "un python" sans plus d’explication. Grosse stupéfaction générale, "ce n’est pas possible", "et pourquoi pas", etc. Pour se terminer en finale par un pari de la tournée générale de pastis avec promesse de le faire voir le lendemain midi.
Le lendemain je viens donc avec un panier sous le bras, avec une ficelle qui dépassait. Tout le monde veut voir, mais très prudents, à distance, téméraires mais pas courageux. L’un d’eux avait même un couteau à la main au cas ou... Je découvre le panier et je montre fièrement mon "piton" bien calé dans de la ouate, il servait à accrocher un tableau au mur. Grande désillusion de l’auditoire mais pari gagné car les vrais pythons se trouvent bien plus au Sud. L’expérience ne s’est pas arrêtée là, car chacun l’a reprise à son compte et nous l’avons propagée car elle nous a fait ouvrir un crédit de pastis au bar.
Toutefois nos aventures n’étaient pas toujours aussi plaisantes, aussi l’une d’elle a jeté un froid pendant quelques jours, car le colonel n’était pas du tout content : on lui avait cassé son jouet. En effet, alors qu’il était en déplacement pour un weekend à Alger, avec la permission du commandant en second, nous avons utilisé exceptionnellement sa 203, la 2 CV étant indisponible, pour nous rendre un soir chez des amis civils. Mais en rentrant au quartier le chauffeur eut un accident avec un quidam et la voiture a subi de gros dégâts, nécessitant sa réforme. Au retour, le lundi matin, les explications furent orageuses avec le colonel. Il se voyait mal dans une 2 CV… Bien sûr, tout l’état-major était au courant. Comme nous déjeunions tous les jours avec la secrétaire du général, pour nous rendre service, elle a pris toutes les démarches à son compte, et est intervenue auprès de la DIRMAT. Mais, il n’y avait plus de 203 disponible. Toutefois, bien que non destinée à un colonel, elle a fait débloquer une 403 et cela a apaisé le courroux de notre patron qui n’était pas peu fier !
Tout et bien qui fini bien, dans le mois qui suivait j’ai eu le droit de l’emprunter pour me rendre à l’aéroport, mon séjour se terminait et je rentrais sur Dax ou j’allais être affecté au secrétariat du colonel CRESPIN, que j’allais retrouver avec beaucoup de plaisir, ainsi que ma famille.
Marc HENRARD.
14 juillet 2017, Marc HENRARD est fait chevalier de la Légion d'honneur (photo Marc HENRARD).