Max POLGE
Stage BANANE
J’avais commencé à Dax pour la présélection avion, puis optant pour l’hélicoptère, j’ai ensuite commencé sur DJINN, avec la manivelle. C’était en 1957 à la fin de l’été. Puis nous sommes allés chez Fenwick à Issy-les-Moulineaux faire du BELL. Ensuite Dax pour finir et le brevet tant désiré. Et enfin le GH2 à Sétif. Là, incorporé dans une escadrille BELL, j’ai fait plusieurs semaines à chercher des blessés, des malades, transporter des officiers et chercher les rebelles aussi.
Puis j’ai fait partie d’un groupe de pilotes désigné par le « Big » pour aller à Bel Abbès faire le stage SIKO et BANANE dans un assez gros stage. J’ai commencé le stage le 1er décembre 1958 sur SIKO.
Le stage SIKO n’a pas été difficile, mais la BANANE (le VERTOL H-21) a été pour moi une déception. Le rotor arrière voulant toujours passer devant, j’encourais les foudres du moniteur qui me disait « ton cap, maintenant ta boule, regarde notre inclinaison », et ça pendant des heures de vol. Le rotor arrière voulait toujours passer devant. L’autre ne disait rien !
Pour un pilote de mono rotor c’est frustrant et méchant aussi. Et puis un jour, j’ai assumé mon pilotage d’un seul coup. Je maîtrisais mon rotor arrière dans la bonne position. Et la BANANE volait enfin comme il faut ! La boule était en place, le cap ne bougeait plus. Et c’est arrivé avec juste deux heures de leçons en plus. Après je maîtrisais un peu l’engin et on est passé aux autorotations sur piste donc roulées et aussi des DZ dans la forêt à l’est de la base.
Le stage se terminait enfin et je quittais Bel Abbès en paix. Prenant un train sur Alger, couché dans un bel hôtel fourni par le centre d’accueil.
Le lendemain à Sétif on m’a mis à l’EHO 3. Là j’ai commencé ma carrière de copilote avec des missions diverses. Puis remaniement, je suis à l’EHO 1 avec le capitaine COFFRANT. Et c’est une escadrille d’assaut de commandos et j’y suis resté jusqu’à fin 1961. Le capitaine GOUYON a été notre chef d’escadrille pendant longtemps et c’était un homme de valeur, courageux mais aussi un très bon chef d’équipe qui avait le DIH bien en main et on était tous très soudés. Plus tard ça a été autre chose, heureusement plus court car j’ai eu ma mutation pour Baden. Mais je n’en parlerai pas.
Durant ces trois ans j’ai écumé la région des Aurès au Sahara à El Oued, à Bône, Philippeville, plus d’un an à Radjas. Djidjelli en bord de mer, où on allait se baigner car c’était l’été et puis on avait un très bon restaurant où le patron était pêcheur et on mangeait du poisson à volonté. Par contre on a mangé du sanglier à foison, car il y avait une zone interdite et les sangliers y proliféraient, aussi le cuistot nous en faisait tous les jours.
J’ai naturellement été souvent en autorotation pour pannes moteur, mais je m’en suis bien tiré.
J’ai donc piloté cette BANANE pendant plus de trois ans en guerre d’Algérie. Copilote puis premier pilote, j’avais dompté le rotor arrière depuis longtemps. Nous avons héliporté sur toutes les DZ possibles et souvent avec difficulté. Nous n’avions pas de rotor de queue et les rotors était à près de 4 mètres du sol, aussi dans des taillis du maquis on posait sans problème alors que les gros SIKO de l’armée de l’Air ne le pouvaient pas. Puis, aussi, l’opération Pierres Précieuses, qui faisait de la Kabylie jusqu’à la frontière de la Tunisie des opérations de chasse aux fellagas très efficaces. On les repoussait vers la ligne Morrice devant la Tunisie, après être passés par la Kabylie, le Hodna, les Aurès et les Némenchas puis les bords de la Tunisie. C’était une opération du général CHALLE.
Mais dans l’ensemble on s’en est bien tiré. Ces trois ans m’ont tout de même fait des souvenirs, que je restitue maintenant avec l’âge.
Et plus tard je suis aussi allé à Im-Amgel pour l’atome et aussi la DZ du haut du caillou difficile d’accès, surtout chargés de matériel lourd.
On a visité les environs où il y a des roches sculptées à la manière des hommes préhistoriques.
Au Hoggar c’était quand même la belle vie, on mangeait bien et on avait la clim dans nos chambres. Et même le ciné en plein air. Plus un bar près du hangar de nos BANANE où on mangeait un délicieux couscous fait par un cuisinier touareg.
Puis aussi des gazelles, des mouflons à la broche le plus souvent possible. Avec CHICAN on est allé sur le caillou une heure environ après la bombe, avec une équipe pour redresser une borne située près de la cheminée d’évacuation des gaz, équipés d’un vrai scaphandre autonome. On n’a pas été contaminé, ni même la BANANE.
Bref la BANANE n’avait plus de secret pour moi.
Voilà un témoignage qui restera après moi. Après je suis allé sur ALOUETTE III et là c’était une Rolls avec les commandes automatiques du pitch donc le bras gauche libre, la synchronisation faisant le reste. Mais aussi la puissance de la turbine pour un ancien des moteurs en étoile c’était le rêve.
Mais c’est quand même la BANANE qui a été le plus grand souvenir de ma carrière de pilote.
Max POLGE.
Puis j’ai fait partie d’un groupe de pilotes désigné par le « Big » pour aller à Bel Abbès faire le stage SIKO et BANANE dans un assez gros stage. J’ai commencé le stage le 1er décembre 1958 sur SIKO.
Le stage SIKO n’a pas été difficile, mais la BANANE (le VERTOL H-21) a été pour moi une déception. Le rotor arrière voulant toujours passer devant, j’encourais les foudres du moniteur qui me disait « ton cap, maintenant ta boule, regarde notre inclinaison », et ça pendant des heures de vol. Le rotor arrière voulait toujours passer devant. L’autre ne disait rien !
Pour un pilote de mono rotor c’est frustrant et méchant aussi. Et puis un jour, j’ai assumé mon pilotage d’un seul coup. Je maîtrisais mon rotor arrière dans la bonne position. Et la BANANE volait enfin comme il faut ! La boule était en place, le cap ne bougeait plus. Et c’est arrivé avec juste deux heures de leçons en plus. Après je maîtrisais un peu l’engin et on est passé aux autorotations sur piste donc roulées et aussi des DZ dans la forêt à l’est de la base.
Le stage se terminait enfin et je quittais Bel Abbès en paix. Prenant un train sur Alger, couché dans un bel hôtel fourni par le centre d’accueil.
Le lendemain à Sétif on m’a mis à l’EHO 3. Là j’ai commencé ma carrière de copilote avec des missions diverses. Puis remaniement, je suis à l’EHO 1 avec le capitaine COFFRANT. Et c’est une escadrille d’assaut de commandos et j’y suis resté jusqu’à fin 1961. Le capitaine GOUYON a été notre chef d’escadrille pendant longtemps et c’était un homme de valeur, courageux mais aussi un très bon chef d’équipe qui avait le DIH bien en main et on était tous très soudés. Plus tard ça a été autre chose, heureusement plus court car j’ai eu ma mutation pour Baden. Mais je n’en parlerai pas.
Durant ces trois ans j’ai écumé la région des Aurès au Sahara à El Oued, à Bône, Philippeville, plus d’un an à Radjas. Djidjelli en bord de mer, où on allait se baigner car c’était l’été et puis on avait un très bon restaurant où le patron était pêcheur et on mangeait du poisson à volonté. Par contre on a mangé du sanglier à foison, car il y avait une zone interdite et les sangliers y proliféraient, aussi le cuistot nous en faisait tous les jours.
J’ai naturellement été souvent en autorotation pour pannes moteur, mais je m’en suis bien tiré.
J’ai donc piloté cette BANANE pendant plus de trois ans en guerre d’Algérie. Copilote puis premier pilote, j’avais dompté le rotor arrière depuis longtemps. Nous avons héliporté sur toutes les DZ possibles et souvent avec difficulté. Nous n’avions pas de rotor de queue et les rotors était à près de 4 mètres du sol, aussi dans des taillis du maquis on posait sans problème alors que les gros SIKO de l’armée de l’Air ne le pouvaient pas. Puis, aussi, l’opération Pierres Précieuses, qui faisait de la Kabylie jusqu’à la frontière de la Tunisie des opérations de chasse aux fellagas très efficaces. On les repoussait vers la ligne Morrice devant la Tunisie, après être passés par la Kabylie, le Hodna, les Aurès et les Némenchas puis les bords de la Tunisie. C’était une opération du général CHALLE.
Mais dans l’ensemble on s’en est bien tiré. Ces trois ans m’ont tout de même fait des souvenirs, que je restitue maintenant avec l’âge.
Et plus tard je suis aussi allé à Im-Amgel pour l’atome et aussi la DZ du haut du caillou difficile d’accès, surtout chargés de matériel lourd.
On a visité les environs où il y a des roches sculptées à la manière des hommes préhistoriques.
Au Hoggar c’était quand même la belle vie, on mangeait bien et on avait la clim dans nos chambres. Et même le ciné en plein air. Plus un bar près du hangar de nos BANANE où on mangeait un délicieux couscous fait par un cuisinier touareg.
Puis aussi des gazelles, des mouflons à la broche le plus souvent possible. Avec CHICAN on est allé sur le caillou une heure environ après la bombe, avec une équipe pour redresser une borne située près de la cheminée d’évacuation des gaz, équipés d’un vrai scaphandre autonome. On n’a pas été contaminé, ni même la BANANE.
Bref la BANANE n’avait plus de secret pour moi.
Voilà un témoignage qui restera après moi. Après je suis allé sur ALOUETTE III et là c’était une Rolls avec les commandes automatiques du pitch donc le bras gauche libre, la synchronisation faisant le reste. Mais aussi la puissance de la turbine pour un ancien des moteurs en étoile c’était le rêve.
Mais c’est quand même la BANANE qui a été le plus grand souvenir de ma carrière de pilote.
Max POLGE.