PRÉSENTATION DU DJINN SO 1221
DJINN n° FR 67, avec civières SIREN (photo X, collection Christian MALCROS).
Préambule.
Il s'agit du seul hélicoptère français qui a été produit en série et dont le rotor a été entraîné par de l'air éjecté en bout de pales ; ceci selon le principe de la réaction. Dès 1945, l'étude a débuté avec le SNCASO SO 1100 ARIEL (société nationale de construction aéronautique du Sud-Ouest). Les expérimentations ont débouché sur un petit hélicoptère, le SO 1220. La formule a été développée pour donner naissance au SO 1221 biplace, n° 001 immatriculé F-WGVH, qui a volé la première fois le 14 décembre 1953. En octobre 1953, à Bagatelle, une démonstration édifiante, dont des décollages et des posés sur la plateforme arrière d'un camion GMC, a été conduite par monsieur Jean DABOS à bord d'un des 2 SO 1220. Capable d'observation discrète au profit de l'artillerie, apte à l'évacuation de 2 blessés couchés sur civières externes, il a intéressé l'armée de Terre. Il est vrai que, déjà en novembre 1946, l'état-major avait demandé l'étude d'un hélicoptère d'observation opérant depuis un engin blindé. En 1955, faisant suite à une commande pour 12 "PS" (pré-série), une commande pour 100 exemplaires "S" (série) a alors été notifiée au constructeur. Détails de la commande :
En janvier 1956, la première tranche de 50 a été formalisée et le premier, le FR 1 a fait son premier vol en juin. Le premier a être réceptionné a été le FR 3, le 25 octobre. Les derniers DJINN ont été livrés en novembre 1960. En parallèle, l'expérimentation militaire avait débuté et a été conduite avec des appareils de pré-série issus d'une commande de 12. Durant l'été de 1956, cette expérimentation, devenue mixte CEV-ALAT, a d'ailleurs amené 2 hélicoptères, les n° 1A F-ZVLV et FC 21, à Chamonix et a été concluante en permettant notamment le ravitaillement d'un refuge situé à plus de 4 000 mètres. Toujours à l'été 1956, le CNRS a demandé au ministère de la Défense la participation d'un hélicoptère au profit de la campagne géophysique dans l’Antarctique. La mission a été confiée à l'ALAT. En 1957, en assistance à une mission d'exploration vers les îles Crozet, le FC 10 a été prêté par l'armée. Puis, dans le cadre des expéditions polaires françaises en terre Adélie (EPF), ce sont 2 DJINN (les FR 43 F-MBVU et 61 F-MBVP, plus 3 pilotes et 2 mécaniciens) qui ont été détachés pour la campagne n° 9 de 1958-1959. Cette coopération a été reconduite pour les campagnes n° 10 de 1959-1960, n° 11 de 1960-1961, n° 12 de 1961-1962 avec le seul DJINN FR 43 puis pour la campagne n° 13 de 1962-1963 avec le FR 72 (terminant ainsi la coopération avec l'ALAT). Tout de même prévu pour une utilisation plus militaire, une partie du parc a été affecté à l'école de Dax et le reste a été envoyé en Algérie. Au préalable, c'est durant le mois de janvier 1957 qu'une expérimentation conjointe armée-constructeur, dite NIDAF, a été menée en Algérie avec 3 appareils. En opérations, cet hélicoptère a vite démontré ses limites en matière d'autonomie, de capacité d'emport et de vitesse de déplacement ; d'ailleurs 38 appareils ont été perdus par accident (FC : 8 et FR : 30 dont 25 réformés). Par la suite, les appareils ont été affectés dans les escadrilles ALAT détachées auprès des différentes écoles d'armes. L'autre utilisateur du DJINN a été l'arme du matériel et surtout l'école des mécaniciens de Bourges qui a disposé d'un appareil immatriculé F-MMDH de 1957 à 1969. En 1965, le stockage a déjà commencé et les derniers exemplaires ont servi au sein de l’escadrille ALAT de l'école d'application de l'ABC à Saumur jusqu'au début de l'année 1970. Si les prototypes ainsi que la pré-série de 20 hélicoptères ont été construits dans l'usine de la Courneuve, la série de 150 exemplaires a été assemblée dans l'usine de Rochefort. Pour les différencier, les appareils ont été numérotés avec un préfixe de 2 lettres définissant l'usine :
Sans avoir été utilisé par l’armée, il est à noter qu'un DJINN a servi, en 1956, pour des tirs de missiles antichar NORD AVIATION SS-10. L’emport d'un fusil mitrailleur AA52 en sabord gauche a également été testé. En 1947, un autre essai a été conduit, toujours sans suite, avec un appareil équipé de flotteurs. Par contre, les civières SIREN ont été utilisées en étant fixées au niveau du réservoir de carburant. Dans l'armée, même si des démonstrations ont été faites à partir d'un camion SIMCA, la formule du camion tout terrain porteur n'a pas été retenue. Une remorque porte-hélicoptères, équipée de 2 bras pour maintenir les pales dans le sens de la route et d'un treuil nécessaire pour le déchargement et le chargement de l'hélicoptère complet, a été préférée. Décoration :
- l'insigne de la SNCASO a été apposé sur le devant de la cabine puis effacé, certainement lors des révisions, laissant, dans certains pelotons, la place à l'insigne de la division de rattachement,
Caractéristiques : Hélicoptère léger mono-rotor à usages multiples. Équipage :
- Palouste 4A de 240 ch pour les S (4B étant le CTG pour la série civile), - Palouste 4C avec démarreur Lavalette. À la place du lanceur extérieur à manivelle placé sur le côté droit, installation d'un moteur thermique LAVALETTE de 49 cc faisant fonction de démarreur et lancé par un câble enrouleur à disposition du pilote. Montage de série sur les appareils de la seconde tranche et rétrofit sur ceux de la première tranche. À partir du FR131, moyeu rotor en graphite. Par rapport aux exemplaires civils, la version militaire a été équipée d'un casier pour loger le poste radio AN-PRC-10, d'un robinet coupe-feu et non d'un poussoir et de harnais 4 points, mais n'a pas disposé d'un petit réservoir de décantage. Autre spécificité, l'antenne fouet du poste C-10 montée sur l'avant du patin gauche. Entre les FC et les FR, la partie basse à l'avant de la bulle frontale a présenté un renfort de forme différente. Plan. |
Plan et décoration (photos X, collection Christian MALCROS).
Remerciements : Marc BONAS, Fabrice SAINT-ARROMAN.