HISTORIQUE
1945-1955
Au cours de l'été 1945, l'état-major décide que l'artillerie du corps expéditionnaire français en Extrême- Orient sera doté d'une aviation légère formée des éléments organiques de la 9e division d'infanterie coloniale, avec cinq sections de PIPER L-4*, et deux groupes aériens d'observation d'artillerie (GAOA) de type britannique à douze avions d'observation chacun. Une décision ministérielle, d'août 1945, prescrit que pilotes et mécaniciens doivent appartenir exclusivement à l'armée de l'Air.
Le 1er GAOA, destiné à opérer au Tonkin, débarque en février 1946. Il est équipé de MORANE 500 CRIQUET. Plus couramment appelé "TRAPANELLE", cet appareil, imposé par l'armée de l'Air, est en fait l'ex FIESELER STORCH allemand. Dès leur arrivée, les avions sont quasi inutilisables, leur remise en état est néanmoins rapide. L'armée de l'Air n'ayant pas les moyens de remplir les missions de reconnaissance, d'observation, d'accompagnement au combat, d'escorte des convois, d'évacuation sanitaire ou de liaison, les MORANE sont utilisés abusivement. Aussi, dès juillet 1946, les douze appareils sont pratiquement indisponibles. Le 2e GAOA arrive en Indochine en mars 1946. Stationné en Cochinchine, il effectue un excellent travail, mais, comme au Tonkin, ses appareils arrivés dans le même état de délabrement, sont vite hors d'usage. De nouveaux avions, perçus en renfort en 1947, présentent de telles malfaçons qu'il faut les interdire de vol après une série d'accidents. Le chef d'escadron NAVELET quitte le commandement des GAOA qu'il assumait depuis février 1946, il est remplacé par le lieutenant-colonel CRESPIN. Les PIPER du peloton de la 9e division d'infanterie coloniale rendent eux aussi d'excellents service mais utilisés trop intensivement pour de multiples missions, ils s'éteignent au bout de quelques mois. En mai 1947, le peloton devient 3e GAOA à Haïphong. Mais en août 1947, l’aviation d’artillerie, après une activité intense mais précaire, a pratiquement cessé d’exister… Il faut attendre 1948 pour voir la réorganisation des trois GAOA : le 1er en Annam, le 2e en Cochinchine et le 3e au Tonkin. Leur parc théorique de MORANE est porté progressivement à dix-huit puis vingt appareils. À partir de 1949, la direction du service de santé en Indochine demande des hélicoptères pour assurer les évacuations sanitaires. Devant la réticence de l'armée de l'Air, les premiers appareils sont achetés sur les crédits civils de la Croix-Rouge française. Ils servent au sein d'unités de l'armée de l'Air et constituent l'ossature des formations d'hélicoptères de l'armée de Terre en Indochine. En 1950, le commandant en chef en Indochine décide que les GAOA, tout en restant des unités d'artillerie, seront mis pour emploi à la disposition du commandement de l'air en Extrême-Orient. Les trois GAOA changent de dénomination, le 1er octobre, pour former les 21e, 22e et 23e GAOA. En janvier 1952, les besoins croissants des MORANE au Tonkin amènent le transfert du 21e GAOA sur ce territoire. Pour le remplacer, un détachement aérien d'observation d'artillerie (DAOA), rattaché à l'escadrille de liaison aérienne 54 (ELA 54), est créé au Centre-Annam. Les dotations des 21e GAOA à Cat-Bi et 23e GAOA à Gia-Lam sont portées à vingt appareils en ligne plus quatre en volant, le 22e GAOA à Tan-Son-Nhut quant à lui possède quatorze MORANE, dont deux sanitaires. Les effets du décret n° 52-235 du 3 mars 1952, qui transfère l'ALOA à l'armée de Terre, se font sentir dès février 1953 avec l'arrivée à Saïgon des premiers pilotes de l'armée de Terre, suivis d'un contingent de mécaniciens. Dès lors, la relève va se poursuivre, conformément au plan prévu. Le 1er août 1953, le DAOA devient 24e GAOA et reçoit quatorze appareils, comme le 22e GAOA. Les GAOA sont tous rattachés pour emploi aux groupements aériens tactiques (GATAC) et actionnés dans le cadre de l'appui aérien. Le 1er janvier 1954, les GAOA sont complètement pris en compte par les forces terrestres. La relève des MORANE ne commence qu'en mars, avec l'arrivée d'appareils d'origine américaine, les CESSNA L-19A. Le 22e GAOA en est équipé dans le courant du mois de mai et le 23e GAOA en juillet. Le cessez-le-feu entre en vigueur le 11 août 1954, les formations se regroupent dans le Sud, puis sont rapatriées vers la métropole ou l'Afrique du Nord. Texte extrait du livre « les groupes aériens d’observation d’artillerie en Indochine » de Monsieur Philippe ROUDIER : chef du bureau de la communication des archives au service historique de la Défense et complété par le site www.alat.fr. * c’est l’opération "BENTRE" qui, en mars 1946, a permis à l’armée française de remettre le pied en Indochine. Le groupe aéronaval en charge du transport des troupes comprenait, entre autres, le vieux porte-avions Béarn qui avait embarqué les PIPER. Pour rejoindre la terre ferme et Saïgon, les avions ont décollé directement du pont d’envol. |
Décollage du PIPER L-4 codé XE du porte-avions Béarn (photo X).